En juillet 2022 je me suis lancée un défi : arrêter de contribuer au changement climatique. Mais ce n’est pas tout. Baisser mes émissions de CO2 à 2tonnes, oui, mais sans pour autant partir élever des chèvres ! Alors, pourquoi ce défi ? D’où est-ce que je pars ? Comment vais-je m’y prendre pour le réaliser ?
Pourquoi vouloir arrêter de contribuer au changement climatique au niveau individuel ?
En arriver à un objectif aussi catégorique est une démarche qui m’a pris du temps. Après ma prise de conscience écologique, j’ai tout de suite essayé de réduire mes émissions de gaz à effet de serre au niveau individuel. Mais j’ai surtout basculé assez rapidement dans l’engagement collectif, par une implication importante dans la vie politique et associative écologiste. Pour moi, il était clair que l’action individuelle n’était pas suffisante.
Si aujourd’hui je ressens le besoin de durcir mon objectif au niveau individuel, c’est peut-être tout d’abord un constat d’échec de 10 ans d’engagement collectif traditionnel. Les politiques publiques ne sont toujours pas ambitieuses sur le plan du climat. L’engagement associatif local, quant à lui, a fait bouger des choses autour du vélo, du compost collectif. Malheureusement, l’impact de ces actions reste symbolique vis-à-vis de l’objectif à atteindre.
Il y a aussi cette mise en évidence criante de la réalité du changement climatique. Quand j’ai commencé à militer, il fallait avoir une bonne capacité de projection dans l’avenir pour imaginer les canicules, les inondations, les déplacements de population… Et puis nous sommes entrés dans cette décennie 2010-2020 où les raccords de températures ont été battus tous les ans. Alors il y a ce sentiment d’urgence qui est devenu plus fort.
Si bien qu’à un moment, j’en suis arrivée à me dire « j’aimerais au moins savoir que moi personnellement je ne contribue pas à cette catastrophe ». C’est comme refuser de porter un manteau en fourrure lorsqu’on est contre l’exploitation des visons.
Et l’engagement collectif ?
Une autre grande source d’inspiration a été la marque « C’est qui le patron ?! ». Nicolas Chabanne, l’initiateur de cette aventure, réalise qu’il manque seulement 7 à 8 centimes pour que les producteurs de lait vivent décemment de leur travail. Persuadé que beaucoup de consommateurs sont prêts à mettre cette somme par solidarité avec les producteurs, il crée cette marque qui change la donne pour les petits producteurs laitier et qui a décollé depuis. Je prend conscience que l’action individuelle de masse est aussi un engagement collectif, tout aussi impactant et voire même peut-être plus que les engagements associatifs et politiques. Imaginez si 50% des gens se mettent à acheter leurs vêtements d’occasion !
Pourquoi 2 tonnes de CO2 par an ?
Ce qui est plus compliqué par rapport à l’exemple de la fourrure, c’est que n’importe laquelle de nos activités émet du CO2. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas besoin d’émettre zéro tonne de CO2 par an pour arrêter de contribuer au changement climatique.
2 tonnes de CO2 par an et par habitant, c’est le budget carbone individuel visé en 2050 pour un monde neutre en CO2. « Neutre en carbone », cela signifie que l’humanité ne contribue plus au réchauffement climatique. Voilà qui fait rêver !
Indépendamment de la faisabilité de cet objectif aujourd’hui, je trouve très intéressant de pouvoir chiffrer ses émissions de CO2 grâce à un bon simulateur et de se fixer un objectif concret, chiffré, à atteindre. Motivation garantie !
Evidemment, on n’est pas encore à quantifier précisément nos émissions, par exemple avec un budget CO2 qui se créditerait à chaque achat. Néanmoins, même fonctionner avec des ordres de grandeur est intéressant pour passer à l’action et, surtout, choisir les actions qui ont réellement un impact.
D’où je pars : loin des 2tonnes !
Parallèlement à cette réflexion, j’ai refait mon bilan carbone individuel grâce à un simulateur en ligne. J’ai été frappée de constater que tout mon engagement écologique individuel ne réduisait finalement pas beaucoup mon empreinte carbone, voire pas du tout, par rapport à celle d’un Français moyen.
Calculer son bilan carbone et tomber sur celui d’un Français moyen alors qu’on est une écologiste convaincue, c’est prendre une sacrée claque !
J’ai compris que les éco-gestes prennent beaucoup de temps mais n’ont pas d’impact significatif au niveau individuel. Ce sont surtout la consommation de viande, l’isolation du logement, l’utilisation de la voiture et de l’avion qui induisent une empreinte carbone importante ou non.
A ce moment-là je n’étais pas du tout végétarienne. Je voyageais parfois en avion. Depuis, j’ai intégré une maison chauffée au gaz, à partir de laquelle je prends ma voiture pour les trajets du quotidien, ce qui a encore augmenté mon empreinte carbone.
C’est donc sur l’ensemble des sources d’émissions que je vais devoir agir. Je me laisse un an pour atteindre ce défi car il y a énormément de choses à revoir dans ma vie quotidienne.
Pourquoi ne pas partir élever des chèvres ?
Effectivement, si je voulais juste arrêter de contribuer au changement climatique de manière individuelle, je pourrais y arriver beaucoup plus facilement dans un éco-lieu, la version moderne de ce qu’on appelait autrefois « élever des chèvres dans le Larzac ».
Or, je ne peux pas envisager mon engagement sans une dimension collective. Et je ne crois pas que la majorité de la population franchisse le pas et parte dans un éco-lieu. Je pense qu’il faut partir de la situation actuelle et du mode de vie actuel pour faire ma transition.
Partir dans un éco-lieu, c’est se couper de la majorité de la population. C’est perdre la possibilité de comprendre les difficultés que les autres personnes peuvent rencontrer dans leur chemin de transition écologique. Je crois davantage à l’effet d’entraînement sur les autres que peut avoir quelqu’un d’inséré dans le mode de vie majoritaire.
Comment atteindre les 2 tonnes de CO2 par an ?
Grâce au simulateur carbone, il est facile de savoir quelles sont les actions à mettre en place dans sa vie quotidienne pour atteindre les deux tonnes de CO2.
Malheureusement, dans la réalité c’est beaucoup plus compliqué qu’une simple liste d’actions. Arriver à mettre en place de nouveaux comportements et les tenir dans la durée est quelque chose que je sais difficile par expérience. Parfois, on n’a tout simplement pas le choix, par exemple quand on doit utiliser sa voiture pour aller au travail et qu’il n’y a pas d’alternative.
La bonne nouvelle, c’est que j’ai déjà expérimenté un grand nombre d’actions écologiques depuis une dizaine d’années. Prendre le vélo pour aller au travail, essayer de devenir végétarien (trois tentatives !), passer au zéro déchet, arrêter l’avion, et j’en passe !
Alors j’ai compris quels étaient les leviers qui nous permettaient de maintenir une action dans la durée. Ou alors, quels sont les leviers d’action collective quand l’action individuelle est impossible. J’en ai déduit une méthode de coaching que je vais transmettre à mes lecteurs.
Et toi ?
Et toi, te sens-tu concerné·e, affecté·e par les bouleversements environnementaux ? Si c’est le cas, cela te soulagera grandement l’esprit de savoir que au moins toi, tu n’y contribues pas. Tu pourras dire à tes enfants que tu as fait de ton mieux. Tu contribueras aussi à créer la société d’après en envoyant les bons signaux aux entreprises.
Alors, toi aussi vas-tu rejoindre le défi « 2 tonnes de CO2 en un an » ? ☺