Faire sa transition écologique à notre époque relève parfois du parcours du combattant. On peut en arriver à se sentir dans la peau d’un saumon, qui remonte la rivière à contre-courant.
Dans cette chronique, découvrez des personnes comme vous et moi, qui ont réussi à réduire leur empreinte environnementale à contre-courant.
Aujourd’hui, le Saumon d’Or est décerné à Julien, 37 ans. Julien a fait remplacer 30 trajets en avion par des trajets en train, en un seul coup ! Mais comment a-t-il fait ? C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet entretien.
Floraine Cordier, Coach CO2 : Bonjour Julien ! Avant d’en venir à ton exploit, peux-tu nous en expliquer le contexte et ce qui se faisait habituellement, avant ton intervention ?
Julien. : Bonjour Floraine ! L’histoire se déroule dans le cadre de mon travail. Faisant partie d’une équipe dispersée sur plusieurs sites en France, nous avons besoin de nous réunir annuellement.
Je suis responsable de l’organisation de cet événement. Il donne aussi la possibilité à l’équipe, composée d’une quarantaine de personnes – dont une trentaine basée en région parisienne, de se retrouver, d’accueillir les nouveaux arrivants…
Durant la période pré-COVID, le séminaire avait d’ordinaire lieu en région parisienne mais s’était aussi déroulé en province à plusieurs occasions.
Lors des déplacements professionnels, le réflexe habituel était jusque-là le « tout avion »
C’est la seule option pour les vols longs et que cela permet en général de gagner un peu de temps aussi sur les trajets domestiques. C’est aussi plus simple à organiser pour tous ceux qui ont besoin d’effectuer une correspondance après un premier trajet en avion.
F.C : Et cette année, re-belote, ce séminaire est de nouveau organisé en présentiel. Comment as-tu fait pour mettre ton grain de sel dans le mode de transport ?
J. : Durant la période COVID, le séminaire avait eu lieu purement en virtuel. Les résultats obtenus et l’engagement des participants étaient corrects. Cela nous avait donné l’occasion de nous réinventer autour d’outils digitaux.
Néanmoins, une partie importante de l’équipe s’était renouvelée depuis et il nous avait semblé important de recréer des liens humains ensemble.
Différentes options d’organisation avaient été envisagées, mais celle qui a finalement été retenue pour des raisons de disponibilité des salles et de budget était de se réunir autour d’un site en province.
A titre personnel, j’ai le réflexe train dès que c’est possible et j’ai tendance à privilégier ce moyen de transport pour tout trajet personnel et professionnel en France même lorsque cela occasionne des délais supplémentaires ou un surcoût conforme avec la politique de voyages.
Durant la phase d’organisation à laquelle je participais, il a naturellement été question du transport.
Plus par habitude que par réelle préférence, la seule option initialement proposée était l’avion…
Tu parles d’exploit mais au final, la décision de passer au train a été d’une simplicité absolue [rires].
Lorsque le mot avion a été prononcé, il a juste été nécessaire de dire « Vous faites comme vous voulez, moi j’y irai en train » pour faire basculer le choix du moyen de transport. Arrêter de prendre l’avion dans le monde professionnel, ce n’est peut-être pas si compliqué après tout !
C’était extrêmement rafraichissant parce tout le monde était prêt à prendre le train mais ça ne faisait simplement pas partie des options considérées par habitude.
Suite à cette intervention mineure, il y a eu un effet domino, chaque participant trouvant un autre avantage au train et trouvant une satisfaction personnelle à faire le choix qui minimisait notre empreinte carbone.
Et du coup, on transforme 30 allers-retours Paris-province de l’avion vers le train !
F.C. : Magnifique ! Je vois que tu as sans le savoir testé la puissance de la Communication Non Violente : tu as fait part de ta décision à toi, en prenant soin de ne pas apporter de jugement ou de commentaire culpabilisant sur le choix des autres. L’effet d’entraînement en a été démultiplié, bravo ! Outre l’aspect écologique, quelles ont été les autres sources de motivation pour prendre le train ?
J. : C’est justement durant cet échange riche où tout le monde se projetait en train que des idées ont émergé sur le déroulé du trajet.
Les participants s’imaginaient déjà commencer le séminaire ensemble durant le trajet.
Ils se voyaient réserver ensemble une voiture du train pour échanger et affiner la préparation des sessions à venir.
F.C. : La préservation de la planète est l’étincelle initiale, mais si ça a fonctionné, c’est bien que chacun a pu trouver d’autres sources de motivation. Très efficace ! Au final, comment s’est déroulé le trajet ?
J. : Finalement, on s’est retrouvés répartis dans 3 voitures successives au lieu d’une mais il a tout de même été très facile d’échanger des places une fois le trajet commencé pour se créer des espaces de travail et de convivialité. A titre personnel, j’ai pu finaliser l’organisation de plusieurs sessions en profitant du wifi et en navigant dans le train, ce qui aurait été compliqué en avion.
Au final, le trajet s’est déroulé exactement comme on l’imaginait : productif et convivial avant même le début du séminaire.
F.C. : Penses-tu tes collègues vont désormais arrêter de prendre l’avion pour les trajets domestiques ?
J. : Je ne sais pas si ça fera école mais il y aura sûrement un effet domino.
30 personnes ont passé un bon moment ensemble et tout le monde a apprécié le sentiment de faire un choix utile.
Du coup, je m’attends à ce que la proposition de privilégier le train continue d’émerger sur d’autres déplacements auquel ces collègues participent.
Honnêtement, c’était un choix facile et on a eu des gains environnementaux à pas cher : à peu près le même temps de trajet, une possibilité d’interactions riches, sur ce coup-là, on a eu le beurre et l’argent du beurre [rires].
F.C. : Espérons que ça dure ! Aurais-tu des propositions qui auraient pu simplifier cette prise de décision en faveur du train, ou pourraient la simplifier à l’avenir ?
J. : Oui. Je pense au site de l’agence de voyage : aujourd’hui, il trie les propositions de trajet par prix et fait remonter les vols pas chers. Il pourrait prendre en compte un critère CO2 pour que chacun puisse faire son arbitrage entre le prix, la durée et le coût écologique. Cela aiderait à arrêter de prendre l’avion.
Je pense aussi que la SCNF pourrait proposer un système de réservation professionnel où on peut réserver la rame ou au moins être sur des places consécutives pour l’équipe entière.
Très belle initiative lancé dans un environnement qui ne favorise pas forcement l’écologie. Merci de nous montrer que par des actions simples on peu influer à petite échelle sur notre environnement!
Merci pour cet article ; montrer l’exemple engendre de belles actions et c’est que nous devrions tous faire. Faut il encore que cela soit possible, ce qui était le cas ici. L’écologie devrait être une de nos principales préoccupations