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Intensifier ses plaisirs ET sauver la planète par la consommation intermittente et la gratification différée

« Mais pourquoi est-ce que je renoncerai à profiter de quelque chose qui me fait plaisir ? »

C’est une question que j’ai reçue suite à la vidéo sur l’eau gazeuse, dans laquelle je proposais de ne pas céder à la tentation de la consommation quotidienne d’eau gazeuse.

Alors là, tu te dis peut-être qu’à un moment, il faut bien faire un effort pour la planète !

Eh bien, pas du tout. Il n’y a aucun effort à faire. Juste être capable de réussir le test du Marshmallow, mais ça je l’expliquerai à la fin.

L’histoire des œufs de lump

Pour répondre à la question, donc, il faut que je te raconte l’histoire des œufs de lump.

Les œufs de lump, quand j’étais petite, c’était le truc que j’attendais toute l’année pour pouvoir en manger à Noël.

C’était de loin mon truc préféré de tous, et je les savourais avec une intensité incomparable.

Les œufs de lump, c’était mon caviar à moi, en somme.

Et puis, l’année où je me suis mise à travailler et à recevoir un salaire, je me suis rendue compte d’une chose : le pot d’œufs de lump, il coûte entre 3 et 5 € seulement.

La deuxième chose que j’ai réalisée, c’est que j’étais désormais une adulte libre d’organiser sa vie comme elle l’entend.

Je me suis donc mise à manger des œufs de lump aussi souvent que possible, tout en conservant leur caractère festif : à tous les anniversaires, à toutes les fêtes…

Eh bien, en l’espace de quelques années, les œufs de lump ont perdu le caractère et le goût exceptionnel qu’ils avaient avant.

Oui, tu m’as bien entendu·e, passer d’une consommation d’œufs de lump une fois par an à dix fois par an a suffi à faire perdre à ces œufs leur goût magique.

Je m’en suis rendu compte, à un moment. J’avais perdu mes œufs de lump à moi.

La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, je peux à nouveau me délecter des œufs de lump incroyables de mon enfance.

Comment ? C’est extrêmement simple : je n’en mange plus que deux fois par an, à Noël et à Nouvel An.

Ils ont retrouvé leur goût magique.

Alors oui, nous sommes capables de renoncer à quelque chose qui nous fait juste plaisir si cela nous permet de profiter de quelque chose d’exceptionnel dont nous nous délectons.

C’est tout simplement passer cette notion de plaisir sur un autre niveau.

La douche, le Pérou et les rois dans le château

Des histoires comme ça, j’en ai plein.

La plus marquante peut-être date de mon séjour au Pérou en 2015. Mon sixième et dernier voyage en avion.

J’ai été marquée par l’impossibilité de prendre des douches tous les jours, d’avoir de l’eau chaude, ou de chauffer l’eau dans des conditions précaires, avec des petits gadgets électriques qui vous envoient une châtaigne un coup sur deux.

Et bien tiens-toi bien, quand je suis revenue du Pérou, j’ai apprécié chaque minute de mes douches chaudes à la maison pendant au moins 3 mois.

Oui, de manière consciente, je me suis régalée de cette eau chaude abondante qui coule toute seule et qui ne coule pas du tout à d’autres endroits du monde.

Et puis à un moment, je me suis réhabituée et j’ai arrêté de m’en délecter.

Nous vivons dans une opulence extraordinaire.

Nous sommes des rois dans des châteaux, et nous ne sommes capable ni de nous en rendre compte, ni d’en profiter.

Pas capable de nous en rendre compte, car nous n’avons jamais connu autre chose et que nous ne nous comparons qu’aux plus riches.

Pas capable d’en profiter car notre cerveau est ainsi fait que nous ne trouvons du plaisir que dans des choses nouvelles et ou toujours plus intenses (voir le livre : Le Bug Humain)

Le miracle de la consommation intermittente

Alors, pour trouver ces nouvelles choses qui nous procurent du plaisir, il y a deux solutions :

1) Le toujours plus, qui finira par détruire notre monde actuel.

2) La consommation intermittente

Intermittente, car il ne s’agit pas de se priver de tout tout le temps, mais juste de se restreindre dans le but de profiter plus intensément à des moments bien choisis.

Nous nous faisons encore plus plaisir, et la planète en bénéficie. N’est-ce pas magique ?

C’est pour cela que j’aime par-dessus tout prendre un shot régulier de camping. Au-delà de la fusion avec la nature, la simplicité vécue pendant ces quelques jours permet d’apprécier le confort moderne le reste de l’année. 

Le camping une fois par an, pour vivre à la maison comme dans un hôtel de luxe le reste de l’année.

Autre exemple : je fais mes tartines du matin à la pâte de sésame et au miel toute la semaine, pour pouvoir me délecter de la pâte aux amandes le weekend. J’ai mis cela en place un peu inconsciemment : parce que je voulais continuer à déguster ma tartine à l’amande plutôt que d’en manger sans y penser.

J’utilise mon gel douche à reconstituer en poudre 80 % du temps(il n’est clairement pas au niveau d’un gel douche classique : l’odeur est fade, il glisse moins…), et quand je me sens particulièrement fatiguée par exemple, je profite d’un gel douche délassant avec une bonne odeur.

J’ai laissé tomber les semelles de bœuf bouillie à la poêle à la va-vite les soirs de semaine, pour me concentrer sur la dégustation d’une bonne côte de bœuf quelques fois par an.

Des exemples comme cela, on pourrait en trouver plein. L’alternance des saisons, en particulier, est un des principaux moyens de vivre cette consommation intermittente de manière naturelle.

C’est ainsi qu’on va déguster des melons juteux et sucrés de juin à mi-août, puis attendre avec impatience l’année suivante. On y arrivera car, entre temps, on verra arriver le raisin frais de septembre, les feuilles oranges d’octobre, Noël, la neige, et toutes ces choses qu’on n’apprécie intensément que parce qu’elles surviennent quelques jours ou semaines par an.

Réussir le test du Marshmallow pour réussir la consommation intermittente

Le petit bémol : cela suppose d’avoir la capacité à se priver d’un plaisir immédiat pour espérer un plaisir plus grand à l’avenir.

Et ça, on connaît très bien, ça s’appelle le Test du Marshmallow.

Cette expérience menée pour la première fois par Walter Mischel à l’Université de Stanford en 1972, consiste à présenter un marshmallow à un enfant en lui disant qu’il peut le manger maintenant ou attendre 15 minutes pour en avoir deux.

D’après cet article, « ce test permet de mesurer la sensibilité des personnes à la gratification différée.

C’est notre capacité à préférer retarder une récompense pour qu’elle soit plus importante.

Autrement dit, c’est faire preuve de contrôle de soi pour accepter un petit sacrifice dans le moment présent afin d’avoir une vision à long terme et recevoir des bénéfices futurs.

Une autre équipe de cette même université avait démontré que le test du marshmallow permettait de mieux prédire la réussite future d’une personne que le test de QI !

Les chercheurs en économie comportementaliste considèrent que la gratification différée, et donc le contrôle de soi, sont des composantes essentielles du bonheur. »

Alors, prêt à jouer au test du Mashmallow pour protéger la planète ? Il n’y a pas d’âge pour développer sa capacité à maîtriser la gratification différée !

Et toi, as-tu recours à la consommation intermittente comme moyen d’augmenter ton plaisir ? Dans quels cas cela fait-il aussi du bien à la planète ? Laisse nous ton témoignage en commentaires !

12 réflexions sur “Intensifier ses plaisirs ET sauver la planète par la consommation intermittente et la gratification différée”

  1. Je ne connaissais pas cette appellation « consommation intermittente » même si je l’applique régulièrement pour éviter lassitude, frustration etc…

  2. Je viens de passer 5 jours au camping et ça faisait long que j’avais fait ça. Le hasard a fait que j’étais dans un camping éco-responsable. J’ai mangé comme à la maison et je dormais mieux la nuit qu’à la maison. Finalement, je me surprends toujours à m’adapter facilement et je suis compte aussi de retrouver mon canapé le soir quand je rentre à la maison.

  3. Merci pour cet article plein de fraîcheur, ça sent le vécu. Je vis à Madagascar et jusqu’à mes 18 ans nous n’avions pas l’eau chaude courante à la maison. Il fallait faire bouillir l’eau et donc prévenir que nous allions prendre une douche ou faire un shampoing. Aujourd’hui je mesure la chance de prendre une douche bien chaude tous les matins. C’est souvent en ayant été privé de quelque chose qu’on prend conscience de sa valeur.

  4. Article très intéressant et pragmatique. Des p’tits gestes stratégiques pour penser à la planète et a nouveau apprécier certaines choses simples.
    J ai connu les mêmes douches froides en voyage prolongé, avec les bidouillages électriques sur ta photo où tu prends un châtaigne parfois. 😅 La douche chaude redeviens un plaisir incroyable quand tu reviens en Europe dans des douches conforts.
    Philosophie très intéressante et pratique la consommation intermittente! 👍

  5. toutvousreussitsara

    Merci pour cette découverte : la consommation intermittente ! C’est super intéressant et j’adore ton style d’écriture.

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