Devenir flexitarien est une option rarement évoquée lorsqu’il s’agit de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, être flexitarien permet de réduire considérablement son empreinte carbone en douceur et en souplesse, sans les contraintes de l’alimentation végétarienne ou vegan. On fait le point dans cet article et dans la vidéo.
La consommation de viande émet-elle des gaz à effet de serre ?
La réponse est… oui ! Pire que cela, la viande est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de notre vie quotidienne !
La viande, presque une tonne d’impact CO2eq en moyenne !
Le graphique ci-dessous représente l’empreinte carbone moyenne d’un français. Sur les 9 tonnes de CO2eq au total, la viande représente presque 1 tonne en moyenne !
Le graphique ci-dessous indique les émissions de gaz à effet de serre générées par un repas, en fonction de ses caractéristiques.
On remarque que les repas végétariens et vegan se valent en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Il n’est donc pas utile de devenir vegan uniquement pour cet aspect-là.
Ensuite, les repas à base de viande blanche (volaille, porc, lapin) et de poisson, émettent un peu plus du double d’un repas végétarien.
Enfin, les repas à base de viandes rouges (bœuf, agneau, mais aussi veau), sont, quant à eux, beaucoup plus émetteurs de gaz à effet de serre que les autres viandes.
Le bœuf, principal émetteur de gaz à effet de serre
Comme nous l’avons vu, l’impact des différentes viandes n’est pas du tout le même.
L’infographie suivante permet de constater qu’un seul repas avec du bœuf équivaut à 5 repas avec du poulet, et 14 repas végétariens !
Cette autre infographie permet de comprendre que l’empreinte carbone de la fabrication d’un smartphone représente seulement… 4 repas avec du bœuf ! A l’heure où on parle beaucoup de l’empreinte carbone du numérique, ces ordres de grandeurs sont indispensables à connaître.
Si le bœuf est émetteur de gaz à effet de serre, c’est en fait principalement du méthane qui est émis, pendant la phase d’élevage du bétail. Le méthane étant un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, on ramène son impact à celui du CO2 par un calcul d’équivalence dans le terme « CO2eq » pour « CO2 équivalent ».
Faut-il arrêter de manger de la viande pour sauver le climat ?
Une action très impactante en terme de CO2eq, et accessible à toutes et tous
Au vu de l’impact très important de la viande sur notre empreinte carbone, il est évident que la question du régime alimentaire se pose.
En effet, alors que beaucoup de personnes se demandent quelle action nous pourrions tous mettre en place, réduire la consommation de viande est une action accessible au plus grand nombre, et qui présente de plus d’autres avantages, en termes d’économies et de santé.
Il n’est pas nécessaire de devenir végétarien pour atteindre les objectifs climat
Pour autant, il n’est pas nécessaire d’arrêter complètement de manger de la viande. Devenir végétarien ou même vegan n’est pas obligatoire si l’on s’arrête à la question du climat. C’est plutôt une alimentation flexitarienne que l’on pourra viser.
Ces régimes alimentaires qui évincent strictement la viande et le poisson pour l’un, et les produits d’origine animale pour l’autre (œufs, lait), sont à recommander aux personnes sensibles à la condition animale et souhaitant éviter de participer à leur exploitation.
Nous verrons un peu plus loin l’exemple de Camille, qui réussit à atteindre les 2 tonnes de carbone sur son empreinte carbone individuelle, sans devenir végétarien.
Evidemment, cela suppose que les autres sources d’émissions de CO2 sont elles aussi réduites considérablement (arrêt de l’avion, peu de km en voiture, maison rénovée, achats d’occasion).
Devenir flexitarien, une étape intermédiaire dans la réduction de notre empreinte carbone individuelle
Aujourd’hui, on n’arrive pas toujours à réduire suffisamment les autres sources d’émissions de CO2eq (par exemple lorsqu’on dépend de la voiture). En ce cas, devenir végétarien peut être l’unique solution restante et facile à mettre en œuvre pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Pour autant, il peut être difficile de devenir végétarien du jour au lendemain. Mieux vaut à ce moment-là voir le flexitarisme comme une étape sur une trajectoire de réduction de ses émissions de CO2eq.
Devenir flexitarien suppose de réduire fortement sa consommation de viande et d’augmenter le nombre de repas végétariens. C’est donc une étape tout à fait intéressante pour apprendre à cuisiner végétarien et prendre l’habitude d’intégrer ces repas à sa routine.
Une fois que ces habitudes sont bien installées, on peut alors considérer réduire encore sa consommation de viande, voire la supprimer totalement et basculer ainsi sur une alimentation végétarienne.
Un impact fort sur l’environnement au sens large
Outre l’aspect climat, la production de viande possède également un impact fort sur l’environnement au sens large : déforestation pour la production des tourteaux de soja, transport, surpêche, utilisation des sols, productions intensives, rejets d’effluents polluants, etc…
Que signifie être flexitarien ?
D’après le site mangerbouger.fr, « être flexitarien, c’est chercher à limiter la quantité de viande et de poisson dans son assiette, sans pour autant les retirer définitivement des menus de la semaine ».
Il s’agit d’aller « à son niveau et à son rythme, vers une alimentation plus respectueuse de l’environnement en augmentant les sources de protéines végétales dans ses menus et en diminuant certaines sources de protéines animales comme la viande et le poisson. »
Alors que certains sites fixent des limites maximales à la consommation de viande, la définition de mangerbouger.fr est plus souple.
« Être flexitarien, c’est diversifier davantage son alimentation et pouvoir consommer tous les groupes d’aliments, mais dans des proportions différentes. Ce sont seulement les fréquences de consommation et les quantités de viande et de poisson qui vont varier. »
Les 3 leviers pour réduire l’empreinte carbone de la viande en étant flexitarien
Nous avons accès à 3 leviers pour réduire l’empreinte carbone de la consommation de viande. Il ne s’agit donc pas de la supprimer totalement.
Choisir les viandes les moins émettrices de gaz à effet de serre
Le premier levier consiste à remplacer les viandes de bœuf, veau, agneau, par de la volaille ou du porc.
C’est l’occasion de redécouvrir tous les types de volaille : poulet, pintade, dinde, canard, mais aussi le lapin !
C’est également l’occasion de découvrir et de tester tous les modes de cuisson de ces viandes : rôties, mijotées, grillées, marinées, en brochette, etc…
Le bœuf, veau et agneau pourront être réservés pour les grandes occasions, et consommées au maximum une fois par semaine.
Réduire les portions de viande
Le deuxième levier consiste à diminuer les portions de viande.
Pour cela, nous pouvons prendre l’habitude de couper en deux les pièces de viande que nous consacrions auparavant à une personne. Hors repas de fête, il est tout à fait possible de se limiter à un demi-steak ou une demi-échine de porc par personne.
Nous pouvons également recourir à des viandes au goût plus concentré, afin de réduire la quantité nécessaire pour donner de la saveur à vos plats. On pourra ainsi se contenter de 50g de lardons, 2 tranches de jambon cru, un quart de paquet de magrets de canard fumés coupés en tranches, ou une merguez.
Attention, le site mangerbouger.fr recommande de ne pas dépasser 150g de charcuterie par semaine, sous peine de dépasser les limites hebdomadaires en gras et en sel, ce qui serai préjudiciable pour notre santé.
Augmenter le nombre de plats végétariens
Le troisième et dernier levier est d’augmenter le nombre de plats végétariens dans une semaine. Il est impossible de réduire son empreinte carbone de manière impactante sans passer par cette étape !
La bonne nouvelle, c’est que nous cuisinons déjà végétarien, souvent sans nous en rendre compte (quiche aux poireaux, pâtes au pesto, etc). Il convient donc tout d’abord de faire le point sur les recettes que nous connaissons déjà !
Ensuite, nous pouvons découvrir de nouvelles recettes en allant les chercher sur internet ou en achetant un livre de recettes végétariennes (un livre d’occasion, bien sûr !)
Enfin, il s’agira d’apprendre à cuisiner ses propres plats végétariens sans avoir besoin de consulter une recette à chaque fois ! Un prochain article vous donnera toutes les clés pour y parvenir.
Le menu flexitarien « compatible 2 tonnes »
Pour arrêter d’aggraver le changement climatique à titre individuel, les scientifiques ont déterminé un quota de 2 tonnes de CO2eq par personne et par an.
Exemple de Camille, flexitarien, 2 tonnes de CO2 aujourd’hui à titre individuel
Il est parfois possible dès aujourd’hui d’atteindre cette valeur. Dans l’article cité, nous pouvons voir l’exemple de Camille, qui émet 3 tonnes de CO2eq, dont 2 tonnes à titres individuel (la tonne restante étant celle des services publics).
Camille n’est pas végétarien. Il a adopté un régime alimentaire flexitarien comprenant 9 repas végétariens ou vegan, 4 repas de viande blanche, et 1 repas de viande rouge par semaine.
A côté de cela, il vit dans un appartement chauffé à l’électricité, utilise peu la voiture (1000km par an à 2 personnes), il achète tous ses équipements et ses vêtements d’occasion, évite les déchets inutiles, et ne prend jamais l’avion.
Son alimentation flexitarienne représente sa source d’émissions de CO2eq principale, au titre d’une tonne par an.
Recommandation de menu flexitarien si vous souhaitez réduire l’empreinte carbone de la viande
Voici un exemple très concret de menu à adopter si vous souhaitez réduire l’empreinte carbone de la viande dans votre alimentation.
Il s’agit de consommer la moitié de ses repas dans une alimentation végétarienne, soit 7 repas par semaine. C’est l’occasion d’apprendre à cuisiner végétarien et à découvrir les recettes qui vous plaisent, sans se préoccuper de la question de l’équilibrage et des carences !
Ensuite, il s’agit de privilégier les viandes à moindre impact CO2 : volailles (poulet, pintade, dinde, canard), porc (viande et charcuterie), lapin.
Enfin, le bœuf, le veau et l’agneau seront à limiter à une fois par semaine au maximum. Avec l’habitude, on pourra espacer cette consommation pour la réserver aux grandes occasions, où l’on s’approvisionnera avec des pièces de qualité.
Voici une infographie à imprimer et à accrocher sur votre réfrigérateur !
Sujet d’actualité et très intéressant. Pour ma part, j’ai déjà réduit ma consommation de viande rouge depuis quelques années ainsi que mes portions. Il me reste à me concentrer sur l’élaboration de recettes végétariennes.
Merci Stéphanie pour ton témoignage et bravo pour le chemin parcouru !
Je trouve cet article très intéressant. Je suis devenue flexitarienne pour le climat et les animaux, il y a 10 ans. Ce fut plus facile que prévu, c’est une étape à la portée de tous et j’encourage les gens à le faire. Aujourd’hui, je suis végétarienne et à 80% végan, car à force d’éliminer la viande, j’ai fini par l’éliminer entièrement et ma santé et mon portefeuille s’en portent tellement mieux que je ne changerai pour rien au monde, toutefois, je conseille à tous de commencer par ce qui est faisable et réalisable pour eux ! Déjà prendre conscience de notre impact est un grand pas en avant !
Merci Lara pour ton retour et bravo pour ta démarche ! Ton témoignage donne envie car on sent qu’en y allant par étapes, on peut y arriver. Merci pour cela !
Étant conseillère en Équilibre Alimentaire et Naturopathie, Camille mange très bien !
On peut tous réduire, sans forcément se restreindre de tout, mais en étant plus conscient de nos consommations.
Merci Marie pour ton retour très intéressant et ton œil de professionnelle !
J’ai adoré les visuels de l’article qui nous fait prendre conscience de l’impact de notre alimentation sur notre empreinte carbone. De mon côté, ça fais quelques années que je fait quelques repas sans viande, dans ce cas, je substitue la viande par des légumineuses et le tour est joué. Et comme tu dis, cela ouvre de à nouvelles idées et à de nouvelles saveurs!
Merci Caroline pour ton retour et ton témoignage !
Merci pour cet article éclairant! Je suis flexitarienne et je tend tranquillement de plus en plus vers le végétarien. Je mange de la viande 2-3 fois par semaine seulement et principalement de la viande blanche ou du porc. J’avoue qu’au début, un bon steak de boeuf me manquait…mais maintenant ça ne me fait même plus envie! Une astuce que j’utilise pour faire plus facilement passer la diminution des quantités auprès de mon homme qui est un vrai carnivore : je découpe la viande avant de la mettre dans le plat. Par exemple je ne mets pas 4 saucisses avec un plat de pâtes mais 3 saucisses coupées en morceaux avec mes pâtes…ça passe mieux chez moi! 🙂
Merci Claire ! J’aime beaucoup cette notion de transition « tranquille », de voir que ton besoin de viande diminue avec le temps… Et j’adore l’astuce pour faire passer la pilule tout en douceur auprès du reste de la famille ! C’est noté pour chez moi 😉
Incroyable ! Je suis déjà flexitarienne, mais je ne savais pas que manger de la viande avait un si fort impact sur notre empreinte carbone. Super article très intéressant =)
Merci Sarah et contente que l’article t’ai apporté cette info ! J’espère que ça te motivera à continuer le flexitarisme en ce cas 😉