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Empreinte carbone de la viande & supermarchés : l’interview choc de Benoît Granier, expert au Réseau Action Climat

Pourquoi, lorsqu’on s’intéresse au climat, s’intéresse-t-on à la viande dans les supermarchés ? Quelle est l’empreinte carbone de la viande ? Quelle importance revêtent les supermarchés aujourd’hui dans les tendances de consommation en France ? Y-a-t-il des labels pour mieux se repérer ? Peut-on continuer à manger autant de viande en sélectionnant les bons produits ?

C’est pour répondre à ces questions que Floraine Cordier, Coach CO2, a interviewé Benoît Granier, Responsable Alimentation au Réseau Action Climat et auteur du rapport « Alimentation et climat : l’heure des comptes pour les supermarchés ».

Dans cette interview choc, vous découvrirez l’origine principale des gaz à effet de serre émis par notre alimentation, l’empreinte carbone de la viande et plus largement, tous les impacts environnementaux associés à l’élevage intensif. Vous serez sans doute surpris·e de la surface qu’occupe l’alimentation animale en France aujourd’hui et de la menace sur notre souveraineté alimentaire. Vous découvrirez ce que vous pouvez faire concrètement pour agir pour le climat.

Retrouvez l’interview en vidéo ou en retranscription texte juste en dessous de la vidéo.

Floraine Cordier, Coach CO2 : Bonjour à toutes et à tous, je suis Floraine Cordier, Coach CO2 et aujourd’hui j’accueille Benoît Granier du Réseau Action Climat, qui vient de sortir un nouveau rapport qui s’appelle « Alimentation et climat, l’heure des comptes pour les supermarchés ».

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C’est un rapport qui fait beaucoup couler d’encre, qui a été cité dans la presse, à la radio, parce qu’il épingle le mode d’action des supermarchés aujourd’hui. On va essayer de comprendre pourquoi, de comprendre ce que serait un supermarché qui aurait pris en compte les enjeux climatiques, et pourquoi cette enquête va nous mener tout droit à l’empreinte carbone de la viande.

Benoît est-ce que tu veux bien s’il te plaît te présenter et nous présenter le Réseau Action Climat dont tu fais partie ?

Benoît Granier, Responsable Alimentation au Réseau Action Climat : Merci beaucoup pour l’invitation, je suis Benoît Granier, je suis docteur en sciences politiques et Responsable Alimentation au Réseau Action Climat, qui est une fédération d’associations française (37 associations au total) qui sont engagées pour une transition écologique et solidaire.

Parmi nos membres on trouve par exemple Greenpeace, le Secours Catholique, Action contre la Faim, France Nature Environnement, et beaucoup d’autres.

RAC réseau action climat greenpeace FNH

F.C. : Ok super donc le RAC coordonne les actions de ces associations, j’imagine.

B.G. : Exactement. Sur tous les sujets qui sont liés au climat et sur l’alimentation durable, on va coordonner les réflexions, les demandes et les propositions des différents membres, parce qu’on est un interlocuteur important des acteurs publics. On siège notamment au Conseil National de l’Alimentation et on est consulté dès qu’il y a une stratégie ou une loi qui va toucher les sujets d’alimentation et de climat.

F.C. : Tu es donc la bonne personne pour nous parler, je pense, de l’empreinte carbone de notre alimentation, puisque c’est le sujet de ma chaîne : comment est-ce qu’on arrive concrètement à réduire son empreinte carbone.

Est-ce que tu peux nous expliquer qu’est-ce que l’alimentation représente dans notre empreinte carbone ? Est-ce que c’est un poste fortement émetteur de gaz à effet de serre et qu’est-ce qui émet finalement le plus de CO2 ou de gaz à effet de serre de manière générale dans notre alimentation ? Quid de l’empreinte carbone de la viande ?

B.G. : L’alimentation aujourd’hui en France, c’est à peu près 24% des émissions qu’on a au niveau individuel. Il se trouve que dans ces émissions, les deux tiers environ viennent des produits d’origine animale.

Les principaux facteurs vont être l’empreinte carbone de la viande et des produits laitiers.

Les émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation proviennent majoritairement de l’empreinte carbone de la viande et des produits laitiers

empreinte carbone viande

Ça c’est lié au fait qu’on mange aujourd’hui, par exemple pour la viande, deux fois plus de viande que la génération de nos grands-parents, on est dans le top 10 des consommateurs de viande au niveau mondial, et pour les produits laitiers on est aussi les premiers consommateurs en Europe.

Le problème c’est que tous ces produits carnés et laitiers viennent en grande majorité d’élevage intensifs en France : on a 83% des poulets qui sont élevés en élevage intensif, 95% des porcs et donc tous ces élevages sont à l’origine d’émissions de méthane pour les ruminants – tout ce qui va être les élevages bovins par exemple – mais aussi de protoxyde d’azote qui est un autre gaz à effet de serre qui est très réchauffant et qui va être lié à la fois à tout ce qui est déjection animale, et aussi à tous les engrais de synthèse qui sont utilisés pour produire l’alimentation des animaux.

C’est vraiment une grosse source d’émission de gaz à effet de serre et les problèmes sont pas uniquement climat puisque ces élevages intensifs ont aussi beaucoup d’autres problèmes de déforestation – puisqu’on va beaucoup apporter de soja pour nourrir les animaux dans les élevages intensifs – mais aussi de pollution locale : pollutions de l’eau, que ce soit aux algues vertes ou les pollutions nitrates mais aussi de pollution de l’air qui sont liées à l’épandage aussi de ces engrais et aux déjections animales.

F.C. : C’est intéressant parce quand on parle d’empreinte carbone de la viande, on parle toujours de CO2. En fait c’est « CO2 équivalent » et ici les émissions de gaz à effet de serre sont liées à d’autres gaz à effet de serre que le CO2. Ce sont en plus des gaz à effet de serre très puissant en fait par rapport au CO2.

B.G. : c’est ça, ils sont émis pas forcément en quantité aussi grande que le CO2, mais ils ont un pouvoir réchauffant qui est souvent beaucoup plus important.

F.C. : Votre rapport s’intéresse à la prise en compte de l’enjeu climatique dans les supermarchés. Pourquoi s’être intéress aux supermarchés ? Est-ce que c’est quelque chose qui a une place importante dans l’alimentation des Français ?

B.G. : Eh bien oui ! C’est justement pour cette raison là qu’on s’est intéressé à la grande distribution, vu que c’est entre 70 et 80% des achats alimentaires en France qui sont faits en grande et moyennes surface. On est à plus de 80% pour tout ce qui est viande et charcuterie.

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Aujourd’hui, si les supermarchés ne permettent pas d’avoir une alimentation durable, ça va être impossible au niveau individuel mais aussi au niveau collectif d’avancer à la fois dans le sens de la transition climatique, mais aussi d’avoir une alimentation qui va être plus saine au niveau individuel.

Compte tenu de l’importance de la grande distribution dans les achats alimentaires des français, si les supermarchés ne permettent pas d’avoir une alimentation durable et de réduire l’empreinte carbone liée à la viande, il sera impossible d’avancer dans le sens de la transition climatique

Pour détailler un petit peu : il y a le fait que la plupart des courses sont réalisées en supermarché, et le fait que sur les supermarchés ont aussi un pouvoir important à la fois vis-à-vis de leur fournisseur, donc ce sont eux qui vont pouvoir déterminer quels sont les produits qui sont en magasin, comment est-ce que leur fournisseurs sont rémunérés…

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A peu près la moitié des ventes de la grande distribution, en volume, ce sont des marques de distributeur donc ce sont des cahiers des charges qui sont fixés par les enseignes elles-mêmes.

Donc il y a tout cet aspect d’impact important vis-à-vis des fournisseurs, et après il y a tout ce que les enseignes peuvent aussi faire vis-à-vis des consommateurs : à la fois le fait de choisir les produits qui sont dans les magasins, et après de pouvoir aussi orienter les choix et les achats de leurs clients.

F.C. : Justement, j’aimerais qu’on fasse un petit exercice d’imagination : si on se projette vers 2040, dans une quinzaine d’années, on imagine que l’urgence climatique a enfin été prise en compte par tous les acteurs possibles, dont les supermarchés. On imagine qu’on se balade, là, avec notre caddie dans un supermarché. A quoi il ressemble ce supermarché qui a pris en compte l’enjeu climatique ?

B.G. : Alors ça c’est une bonne question qui demande à faire de la prospective. En 2040 on peut aussi se demander : est-ce qu’il y aura encore des supermarchés ? Est-ce qu’on n’aura pas aussi des magasins qui sont de plus petite taille, qui sont vraiment configurés autrement, pour pas être dans une logique d’incitation à la surconsommation et de recherche des prix bas comme aujourd’hui.

Ce que montre le rapport, c’est justement qu’on a aussi un problème avec le modèle même de la grande distribution.

Donc en 2040, déjà les magasins seront plus petits, ne seront pas agencés pour inciter à la surconsommation et la nature des produits déjà sera très différente. Il y aura beaucoup moins de viande et de produits laitiers mais ils seront en quasi-totalité issus d’élevage qui sont écologiques ou bien durables, beaucoup plus issus aussi de production et de fermes locales et beaucoup moins provenant de l’autre bout de la France, de l’autre bout de l’Europe.

On aura aussi beaucoup moins de produits transformés et surtout beaucoup moins de produits ultra transformés, et puis la façon dont les rayons sont organisés sera aussi complètement différentes : les produits qui seront mis en avant ce sont des produits qui sont bons pour la santé, bon pour la planète, beaucoup de fruits et légumes, beaucoup de sources de protéines végétales comme les céréales complètes, comme les légumes secs.

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On aura aussi beaucoup moins d’emballages et beaucoup plus de vrac. Donc on aura finalement un environnement alimentaire qui rendra facile voire même évident de faire des achats qui sont bons pour notre santé bon pour la planète on n’aura pas besoin de se poser des questions sur les impacts et vraiment aussi sur la façon dont sont rémunéré les fournisseurs parce qu’on aura aussi une évolution de la réglementation qui fait en sorte que les produits qui sont dans les rayons rémunèrent correctement leur producteurs.

F.C. : eh oui effectivement c’est important aussi. Et alors aujourd’hui dans le rapport tu as étudié plusieurs enseignes pour vérifier qu’elles répondaient à tous ces critères : et alors on est très loin du compte puisque la meilleure enseigne obtient 9 sur 20 je crois, en tout cas n’obtiens même pas la moyenne ! Est-ce que tu peux nous raconter, aujourd’hui finalement, les supermarchés ils en sont où ?

B.G. : en effet c’est vrai que la note la plus élevée elle est de 9 sur 20, la note la plus basse de 6/20. Donc le constat qu’on a c’est que c’est vraiment toutes les enseignes qui aujourd’hui ne sont pas à la hauteur. Il y a des enseignes qui sont un peu mieux que d’autres mais globalement le compte n’y est pas.

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Il y a plusieurs raisons pour ça, mais la première raison qui fait qu’aucune enseigne ne peut avoir plus de la moyenne, c’est que malgré le fait que certaines enseignes s’engagent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (la moitié des enseignes le font même si pas suffisamment) mais le vrai problème c’est quil y a une contradiction parce qu’elles continuent à inciter à la surconsommation de viande et de produits laitiers [NB : quand bien même l’empreinte carbone de la viande et l’empreinte carbone des produits laitiers sont les principaux responsables de l’empreinte carbone de notre alimentation].

Et ce, d’autant plus que ces produits sont en immense majorité issus d’élevage intensif, sans parler aussi des incitations à consommer les produits transformés voire ultra transformés avec ou sans viande et les produits laitiers.

Ce qu’on a pu observer, c’était qu’il y avait des stratégies de publicité, des stratégies de promotion, de marketing, à la fois dans les magasins, dans les catalogues, à la télévision, qui vont toutes dans le sens d’inciter à consommer en grande quantité de la viande et des produits laitiers qui sont donc en majeure partie industrielle.

Ce qu’on a vu par exemple aussi dans les rayons de supermarché c’est qu’il y a par exemple moins de 10% de l’offre de poulet ou de steaks hachés qui vont être bio et si on va voir dans les rayons des plats préparés, 92% des plats préparés en moyenne contiennent de la viande ou du poisson.

empreinte carbone viande plats préparés supermarchés

A l’heure où il y a un accord scientifique d’un point de vue durabilité et santé sur les avantages d’un régime flexitarien et la nécessité de consommer des produits issus d’élevage durables, si on fait ses courses en supermarché aujourd’hui, c’est quasiment impossible d’avoir une alimentation saine et durable !

F.C. : effectivement et donc ça concerne la grande majorité de Français en plus. Alors à quel point doit-on attendre des supermarchés qu’ils changent leur pratique d’eux-même ? Vous faites aussi des recommandations pour les pouvoirs publics dans le rapport, est-ce que c’est pas ça la solution ?

B.G : alors c’est vrai que dans le rapport on montre bien qu’il y a différents niveaux d’action. Les acteurs de la grande distribution peuvent faire beaucoup de choses d’ailleurs il y a déjà quelques initiatives qui sont intéressantes qui sont prises par quelques enseignes et moins par d’autres.

Par exemple on a Carrefour, on a Monoprix, on a Lidl, qui on commencé à faire des campagnes de sensibilisation à une alimentation plus végétale. Les autres enseignes ne le font quasiment pas voire pas du tout, mais plus généralement il y a d’autres exemples qui sont inspirants dans d’autres pays.

Si on va voir par exemple ce qui se passe en Allemagne, il y a 6 enseignes différentes qui ont décidé qu’à partir de 2030, toutes les viandes issues des élevages les plus industriels, les plus intensifs, seront exclues de leurs rayons.

Vous avez aussi il y a quelques jours le groupe Lidl en Allemagne qui a annoncé une nouvelle stratégie consistant à réduire les ventes de produits d’origine animale, en particulier de viande, et à l’inverse de proposer beaucoup plus de sources de protéines végétales dont les fameux légumes secs, les céréales complètes etc.

Il y a donc des supermarchés ailleurs qu’en France qui font des choses, donc il y a vraiment une possibilité pour les enseignes en France d’agir sur ces sujets là, d’arrêter aussi les promotions, la publicité pour les viandes issus d’élevage intensifs, et plus généralement pour les produits qui sont mauvais pour la santé et mauvais pour la planète.

Il y a aussi tous les enjeux de transparence : un enjeu d’être plus transparent par rapport aux impacts, plus transparent aussi par rapport à la rémunération de ses fournisseurs, d’avoir plus recours aussi à des contrats qui permettent de garantir des prix et des volumes sur plusieurs années aux fournisseurs – ça pour les agriculteurs et pour les éleveurs c’est quelque chose qui est indispensable.

Certaines d’enseignes commencent à faire un petit peu mais ça reste vraiment des choses qui sont mises en avant dans les rapports RSE avec quelques exemples mais qui sont encore loin d’être systématisées.

Donc il y a des choses qui sont à faire mais c’est vrai que la grande distribution aujourd’hui est dans un écosystème plus large et dépend aussi des politiques agricoles qui sont menées et du système agricole qu’on a en France.

La grande distribution va aussi dépendre en partie de la demande que les consommateurs vont avoir puisque certes, la grande distribution peut influencer cette demande en agissant sur les prix, en agissant sur les promotions, sur le marketing par exemple.

Si aujourd’hui il n’y a pas beaucoup de demande pour les produits bio en supermarché, c’est aussi parce que les supermarché font beaucoup de marge sur les produits bio, font beaucoup de promotions sur les produits non bio, mettent en avant surtout des produits non bio en magasin donc forcément on consomme moins ces produits là.

Mais un autre acteur qui a beaucoup d’influence pour faire évoluer le système agricole et la demande des consommateurs, c’est bien l’Etat, et là les pouvoirs publics sont aujourd’hui largement insuffisant dans leur action.

F.C. : peux-tu nous détailler un peu ce point là ? Qu’est-ce que tu attendrais des pouvoirs publics s’ils agissaient à la hauteur ?

B.G. : du côté de la production, il y a besoin d’avoir plus d’investissements des pouvoirs publics pour favoriser la transition vers un système agricole plus durable.

On a un rapport de la Cour des Comptes de l’an dernier qui montre un manque très important de soutien en particulier économique de l’État pour toutes les filières biologiques par exemple. Plus généralement, les financements européens et français ne financent pas du tout assez aujourd’hui les éleveurs pour aller vers les élevages plus durables donc on a encore beaucoup trop de financement public qui vont aller vers des modèles d’élevage intensif, vers une agriculture intensive, gourmande en pesticides et en engrais chimiques, et donc aujourd’hui donc on n’a pas un fléchage des financements publics vers des modèles de production plus vertueux.

De l’autre côté il y a aussi un besoin d’avoir plus d’encadrement de la grande distribution : si les supermarchés aujourd’hui font plus de marge sur les produits bio, font de la promotion et du marketing, surtout pour des produits mauvais pour la santé, pour la planète, c’est aussi parce que la réglementation l’autorise totalement.

Il y a un enjeu à ce que les les marges des supermarchés, à ce que aussi les politiques de promotion, soient encadrées par les pouvoirs publics, et plus généralement il y a aussi un enjeu important à ce qu’il y ait plus de sensibilisation et d’éducation qui soit faite sur l’alimentation saine et durable aujourd’hui.

Ce qu’on a pu observer dans les supermarchés, c’est qu’il y a quelques enseignes qui font des campagnes pour promouvoir une annotation plus végétale, et ces compagnes-là, elles sont quasiment plus importantes de la part de supermarché en question que de la part des pouvoirs publics qui communiquent extrêmement peu sur le sujet !

On attend toujours une campagne de communication qui explique pourquoi est-ce qu’il faudrait consommer moins de viande mais de meilleure qualité, à la fois pour la santé et pour le climat. C’est quelque chose aujourd’hui qui fait cruellement défaut.

Plus largement, outre l’éducation et la sensibilisation, il y a aussi la question de l’information qu’on donne au consommateur quand il fait ses achats. Aujourd’hui on a un nutriscore sur la nutrition et on n’a pas encore d’étiquetage environnemental qui permettent de renseigner les impacts écologiques des produits alimentaires.

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Il faut savoir qu’aujourd’hui on a environ 90 % des Français qui souhaitent un étiquetage environnemental qui indique aussi le mode d’élevage.

C’est pour ça que le Réseau Action Climat, dans le cadre de sa campagne, a aussi lancé une pétition en ligne pour demander aux pouvoirs publics de faire face à la pression des lobbies agricoles et agroalimentaires qui sont défavorables à un tel étiquetage.

F.C. : eh oui, et je suis bien allée la signer, parce que moi aussi j’aimerais bien pouvoir choisir mes produits dans mon supermarché en regardant en comparant les étiquettes, ça c’est une évidence !

Les élevages intensifs engendrent de nombreux problème environnementaux, au delà de l’empreinte carbone de la viande

Mais alors, tu parles beaucoup de l’élevage intensif : un élevage intensif c’est plus mauvais en terme d’émissions de gaz à effet de serre qu’un élevage plus durable ? Tu peux nous expliquer un peu la différence, en quoi c’est meilleur, en quoi l’empreinte carbone de la viande s’en trouve améliorée ?

B.G. : oui déjà pour revenir un peu sur les définitions, les élevages intensifs, c’est vraiment où on essaye de produire un maximum de viande sur un temps minimum et sans aucun lien avec le sol.

On ne parle même plus d’agriculture finalement parce que l’agriculture c’est le travail de la terre. Un élevage intensif c’est un bâtiment avec des animaux à l’intérieur, qui ne voient pas le jour durant toute leur vie, et on va devoir aller produire de l’alimentation pour ces animaux sur des parcelles agricoles plus ou moins éloignées.

On doit les supplémenter avec des compléments alimentaires, on doit créer des aliments concentrés : ça, ça a beaucoup d’impact sur l’environnement, ça contribue à la déforestation, on a des monocultures qui sont très riches en pesticides et en engrais chimiques.

Et tout ça, donc, on va le produire au détriment d’autres productions qu’on pourrait avoir, comme des fruits et des légumes pour nourrir des humains par exemple.

Avec ça, on va réussir à produire des produits en France, principalement de la volaille et du porc, mais avec des impacts qui sont extrêmement fort pour le climat, mais aussi tout ce qui est les pollutions locales.

On a des gros problèmes de gestion des déjections animales, qui sont tellement importantes et tellement concentrées que ça donne tous les problèmes liés aux algues vertes, pollutions aux nitrates, pollution de l’air, qu’on connaît en particulier en Bretagne mais pas uniquement.

élevage intensif VS élevage biologique extensif durable

A l’inverse, les élevages écologiques, ce sont des élevages qui sont plus extensifs, donc on a des animaux qui ont un accès aux plein air – pour les ruminants ça va être de l’élevage herbage où on a des prairies permanentes avec des animaux qui s’alimentent principalement d’herbe- mais plus généralement c’est une alimentation qui est beaucoup plus produite sur la parcelle ou à proximité.

On appelle ces élevages écologiques des élevages qui sont extensifs, qui sont économes en ressources et qui sont aussi largement autonomes pour l’alimentation des animaux.

Ces élevages là, ils ont beaucoup d’avantages d’un point de vue des élevages de ruminants, tout ce qui va être élevage de vaches, là c’est intéressant parce qu’on a des prairies permanentes qui peuvent stocker du carbone qui sont aussi intéressantes pour la biodiversité – à condition bien sûr qui est pas une concentration trop forte d’animaux sinon on perd ses avantages de stockage et de biodiversité.

Et après, pour les élevages de porcs et de volailles, là sur la question de l’empreinte carbone de la viande, ça va dépendre de l’alimentation animale : on n’est pas forcément énormément gagnant par rapport à un élevage intensif si on regarde un morceau de viande, par exemple un morceau de poulet ou un morceau de porc, par contre ce qu’il faut bien avoir en tête, ce n’est pas uniquement une question de climat, d’empreinte carbone de la viande.

Si on a des élevages intensifs, on peut d’un point de vue purement climat être pas forcément si mal que ça par rapport à si on raisonne vraiment sur l’empreinte carbone de la viande elle-même, par rapport à un morceau issu d’un élevage qui soit en bio par exemple.

Mais si on regarde tous les autres impacts, l’écotoxicité, la biodiversité, la pollution de l’eau, la pollution de l’air, la pollution des sols, etc : là c’est la catastrophe !

Si on a une vision qui est purement climat de la transition de l’élevage, on va dans le mur. Par contre si on a une vision qui prend à la fois le climat, la biodiversité, la préservation des ressources, et aussi la qualité nutritionnelle de l’alimentation, là on se rend compte qu’on a besoin à la fois d’avoir des élevages qui seront donc plus extensifs, plus durables – typiquement les élevages en bio – et en même temps d’avoir une production de produits d’origine animale qui soit plus faible, et une consommation aussi qui soit plus faible.

C’est vraiment les deux ensemble qui permettent de cocher toutes les cases, pas uniquement climat mais aussi tous les autres enjeux environnementaux.

F.C. : ok d’accord, d’où l’intérêt d’avoir effectivement un affichage environnemental qui soit multifactoriel, afin qu’on ne privilégie pas l’empreinte carbone de la viande au détriment d’autres choses. Si on prend des élevages de viande bio, finalement on est dans le durable : est-ce qu’on peut continuer à manger autant de viande ?

B.G : là c’est une bonne question. Aujourd’hui, on a une attente qui est vraiment importante de la part de la population pour manger beaucoup plus local, et par rapport à ce sujet là il faut savoir qu’aujourd’hui on a à peu près entre 50% et les deux tiers des terres arables (cultivables) en France qui sont utilisées pour nourrir les animaux d’élevage dans les élevages industriels.

Ce qui est vraiment important pour l’avenir, c’est que si on a envie de pouvoir consommer des fruits et des légumes, des légumes secs, etc, qu’on a produit localement ou au moins en France, il y a besoin de dédier moins de terres agricoles aux élevages intensifs

Et donc d’avoir à la fois ces élevages écologiques plus autonome et en ressources que j’ai déjà évoqués, mais aussi de pouvoir avoir beaucoup plus de terre allouées à la production de notre alimentation.

Il faut savoir qu’aujourd’hui c’est 50% des fruits et légumes que l’on consomme et 50% des légumes secs que l’on consomme qui sont importés faute aussi d’avoir suffisamment de surface sur le territoire.

F.C. : Ça c’est incroyable, parce qu’on a l’impression qu’on est autonome alimentairement parlant, que la France est un grand pays agricole, et en fait tu es en train de nous dire que toute cette surface agricole, elle est utilisée pour produire de la viande, et qu’on est obligé d’importer nos fruits et nos légumes !

B.G. : voilà, heureusement, ce n’est pas l’ensemble de la surface, mais c’est vrai que c’est une partie importante, plus de la moitié de cette surface, qui est réquisitionnée par les élevages intensifs.

D’où l’enjeu à terme de cette transition des élevages industriels vers des élevages qui sont plus extensifs, plus durables, et dans le même temps de réduire la consommation de ces produits en privilégiant ceux issus d’élevage durable de type élevage biologique.

F.C. : et malgré ces 50 à 60 % des surfaces agricoles dédiées à l’élevage, on est obligé d’importer du soja, avec tout ce que ça implique en termes de déforestation en Amérique latine ?

B.G. : exactement ! Vu que la quantité d’animaux concentrés dans ces élevages intensifs est telle que ça ne serait pas possible de pouvoir produire toute leur alimentation, tout ce dont ils ont besoin, sur notre territoire, il faudrait plusieurs départements entiers dédiés à la production du soja pour y arriver. C’est quelque chose qui n’est pas souhaitable.

Pour les questions d’autonomie, de souveraineté alimentaire, cette transition vers le moins et mieux de produits d’origine animale est en fait aussi indispensable.

F.C. : alors nous, les consommateurs, finalement, est-ce qu’on peut faire quelque chose pour faire évoluer les supermarchés ?

B.G. : il y a différentes solutions. Déjà c’est vrai que, comme je disais avec le modèle idéal en 2040, d’ici là on peut espérer qu’on fasse quand même moins les courses en supermarché, surtout si les supermarchés n’évoluent pas.

Si les supermarchés ne prennent pas leurs responsabilités, en tant que consommateur la solution pour consommer de façon plus durable est principalement d’aller voir ailleurs que dans les supermarchés !

D’aller voir des circuits courts, de proximité, la vente directe, des marchés avec des producteurs bio, ou qu’ils soient locaux et en agroécologie aussi.

Par contre c’est vrai qu’on n’a pas toujours ces alternatives qui sont disponibles près de chez soi, on n’a pas forcément non plus toujours assez de temps, et des fois c’est des produits qui aujourd’hui sont encore plus chers.

Donc c’est vrai que c’est important dans ces conditions-là, d’essayer de faire en sorte d’avoir des produits plus durables en supermarché – là ça peut passer par le fait de faire des remarques auprès du gérant de son supermarché par exemple, en disant « moi je suis pas d’accord avec le fait qu’on n’ait pas assez de produits durables, qu’il y ait plus de marge sur les produits bio, que les des promos soient sur les produits les pires pour la santé et pour l’environnement », donc exprimer son besoin de changement.

Ça peut aussi être, comme tu l’a évoqué tout à l’heure, aller signer la pétition du Réseau Action Climat pour un affichage environnemental – je profite pour glisser encore une fois cette petite pétition.

pétition pour des supermarchés durables RAC

Et après ça passe aussi, comme je l’ai expliqué, par agir auprès des pouvoirs publics, puisqu’aujourd’hui un des problèmes du fait que la grande distribution n’est pas responsable, c’est aussi qu’elle n’est pas encadrée et qu’on lui laisse les mains libres.

Donc la pression sur les pouvoirs publics lors des élections et quand il y a des pétitions qui sortent auprès de ces députés locaux etc, tout ça c’est quelque chose aussi qui peut compter.

Et puis pour être complet sur ce sujet, faire aussi ce qu’on peut en magasin pour aller choisir des produits qui soient les plus responsables, mais là c’est pas facile puisque comme je l’ai dit les politiques de prix, les petites informations, ne rendent pas ça aisé.

F.C. : alors justement au niveau de l’information, est-ce qu’il y a des labels qui ont une vraie valeur ajoutée sur le plan carbone notamment, mais aussi sur le plan environnemental, pour qu’on puisse se repérer déjà dans ce qui existe ?

B.G. : oui c’est une bonne question, il y a d’ailleurs une étude menée avec Greenpeace et WWF France il y a un an ou deux, qui a analysé de manière systématique les différents labels.

Et là ma réponse ne va pas être uniquement sur le climat, parce que comme je l’ai expliqué tout à l’heure, la solution d’un point de vue climat pour l’alimentation, elle est multifactorielle, elle n’est pas uniquement climat.

Il y a des labels qui ont une très forte valeur ajoutée : ce sont tous les labels de l’agriculture biologique : Agriculture Biologique AB, mais aussi Bio et équitable en France, Nature et Progrès… Il y a différents labels et ceux-là ont la valeur ajoutée la plus forte, d’un point de vue environnemental au sens large et pas uniquement sur la question de l’empreinte carbone de la viande.

Il y a une note récente de l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, qui a quelques jours ou quelques semaines, et qui présentait encore les labels bio comme étant les plus robustes. Il y a pas de doute dessus donc vraiment il faut sélectionner ces produits là dans la mesure du possible. Evidemment, c’est mieux quand c’est bio et local.

Il y a aussi des questions de traçabilité des questions d’impact liées au transport etc, et vraiment les produits bio c’est vraiment un label vraiment, vraiment important.

Et puis après, il faut aussi se méfier de tout ce qu’on a appelé les faux labels ou les pseudo labels. Ils sont des labels qui peuvent être séduisants parce qu’on a l’impression que c’est mieux qu’un produit classique, mais qui n’ont pas forcément de vraie valeur ajoutée.

Il faut se méfier des pseudos labels !

C’est le cas par exemple de « Haute valeur environnementale », un label aujourd’hui qui n’a quasiment aucune valeur ajoutée, même pour la biodiversité alors que c’est ce qui est mis en avant. Ça a été pointé du doigt non seulement par le rapport que j’ai évoqué, mais aussi par l’Office de la biodiversité, qui a remis un rapport au gouvernement il y a un an ou deux, là encore en montrant l’absence de valeur ajoutée de ce label.

Il y a d’autres labels aussi dont il faut se méfier, comme le « Zéro résidu de pesticides » qui dit qu’il y a très peu de résidus de pesticides sur les produits mais qui ne dit rien des conditions de production, où là vous pouvez quand même avoir beaucoup de pesticides qui sont utilisés.

F.C. : ok c’est vraiment bon à savoir parce que moi je n’avais pas fait le lien entre le bio et le climat. Pour moi le bio c’était les pesticides, et c’est vrai que je pense que dans la tête du consommateur, on n’est pas forcément au courant de tous les critères qu’il peut y avoir dans ce label, qui devrait peut-être être renommé, je ne sais pas !

B.G. : voilà c’est vrai que pour préciser un petit peu sur la question de l’empreinte carbone de la viande, la culture biologique elle est intéressante parce qu’elle proscrit les intrants chimiques, donc tout ce qui va être les engrais azotés. Et les engrais azotés, c’est vrai que ça émet du protoxyde d’azote, donc ça contribue au réchauffement [NB : pouvoir réchauffant 300 fois supérieur à celui du CO2].

Plus généralement, l’avantage numéro 1 de la culture biologique, ça ne va pas être la question du climat et de l’empreinte carbone de la viande : c’est vraiment tous les autres impacts, et donc il y a vraiment différentes briques qu’il faut mettre ensemble pour avoir une transition écologique de l’agriculture et de l’alimentation.

D’un point de vue purement climat, le plus important ce n’est pas de comparer l’empreinte carbone de la viande en fonction des types de production, c’est surtout de manger beaucoup moins de viande et de produits laitiers !

Il faut également privilégier les produits de saison et locaux, et après sur tous les autres enjeux qui sont extrêmement importants : sans biodiversité, sans préservation de la qualité des sols, il n’y a plus d’agriculture possible, c’est aussi simple que ça. Sur ces sujets-là, l’agriculture biologique est indispensable.

Un autre enjeu que je n »ai pas trop évoqué : les attentes en termes de bien-être animal en France sont extrêmement importantes. On est à plus de 90% des Français qui souhaiteraient idéalement qu’il n’y ait plus d’élevages intensifs.

Il se trouve que le label bio pour les élevages garantissent des normes de bien-être animal et un accès aux plein air de manière extrêmement forte.

Donc si on s’intéresse au bien-être animal aujourd’hui, le seul label qui va vraiment garantir ça, avec du Label Rouge pour la volaille et pour la viande bovine,

le label bio est le label qui coche toutes les cases en terme de bien-être animal et en terme de préservation de l’environnement

Pour faire aussi ce lien entre climat et bio, ce qui est intéressant c’est que le GIEC, qui est donc vraiment focalisé sur le climat, promeut l’agroécologie comme une solution, non seulement pour réduire l’empreinte carbone de la viande mais surtout aussi pour avoir de la résilience.

La vraie écologie c’est non seulement une solution de la transition mais aussi quelque chose qui va permettre de faire face aux différentes conséquences et aux impacts du changement climatique sur nos modèles agricoles.

F.C. : alors est-ce qu’il y a des labels aussi pour les viandes sans importation de soja ? Parce qu’on a quand même ce soja d’Amérique Latine qui sert à nourrir beaucoup de de bétail, si j’ai bien compris, qui déforeste en partie la forêt amazonienne selon comment c’est produit. C’est quelque chose qui augmente fortement l’empreinte carbone de la viande. Est-ce qu’on a un label qui nous garantit qu’une viande n’utilise pas ce soja là ?

B.G. : encore une fois, le label bio garantit l’absence de soja importé. C’est une label qui est quand même très très intéressant sur pas mal de sujets différents.

Il faut aussi reconnaître que les enseignes de la grande distribution qu’on a analysé dans le rapport, se sont engagés alors à des horizons différents 2025 ou 2030 à ce que les produits en marques de distributeur ne comportent plus de risques de déforestation importée, à condition bien sûr que les enseignes arrivent à atteindre leurs objectifs, mais il y a un vrai travail collaboratif qui était entre les différentes enseignes avec une ONG qui les accompagne justement pour atteindre ce objectif là.

Donc on peut espérer que d’ici quelques années, les produits de marques distributeur ne comportent plus ces risques de déforestation importée. Mais voilà là, c’est l’avenir qui nous le dira.

F.C. : d’accord mais en tout cas le bio nous le garantit aujourd’hui si j’ai bien compris.

B.G. : exactement, c’est une bonne nouvelle.

F.C. : et alors tu parlais tout à l’heure du fait que les marges étaient plus élevées sur les produits bio en supermarché. J’ai découvert ça en lisant ton rapport : est-ce que tu peux nous en dire un peu plus là dessus ?

B.G. : oui, c’est quelque chose en fait qui n’est pas vraiment un scoop dans le sens où il y avait déjà une étude de l’UFC Que Choisir en 2017, qui a été actualisé depuis, et qui montrait qu’il y avait deux fois plus de marge sur les produits bio pour les fruits et légumes par rapport aux fruits et légumes conventionnels en supermarché.

C’est quelque chose qui s’explique par le fait que le taux de marge appliqué par les enseignes est le même mais vu que le prix des produits n’est pas le même, au final la marge est beaucoup plus importante et la conséquence c’est que déjà que les produits bio sont un peu plus chers aujourd’hui, si en plus les enseignes ont des sur-marges sur ces produits là, les ménages aisés peuvent toujours réussir à les acheter, ils ont les moyens, mais pour les ménages moins aisés ça devient quasiment prohibitif.

Donc c’est vrai que c’est quelque chose qui est vraiment problématique. Nous on n’a pas pu avoir de données précises sur les marges sur les produits, tout ce qui est viandes, produits laitiers bio ou label rouge par exemple, mais les différents experts et les gens qui travaillent dans la grande distribution et avec qui on a échangé, ils ont confirmé que oui, les marges étaient plus fortes sur la viande bio que sur la viande classique.

Surtout, il faut voir que les viandes et produits industriels, c’est vraiment les produits sur lesquels les enseignes compressent le plus leurs marges en se disant qu’ils vont pouvoir attirer les consommateurs en faisant beaucoup de publicités pour la viande, en montrant que c’est pas cher, qu’il y a des promos – ce qui n’est d’ailleurs pas spécifique à la viande industrielle vu que ces stratégies de casser les prix avec des marges compressées pour attirer les consommateurs, c’est aussi ce qu’on va trouver sur les produits de type pâte à tartiner, de type soda, qui sont très mauvais pour la santé.

On se rend compte que les politiques de prix bas et de marge basse sont sur les produits qui sont souvent vraiment mauvais pour la santé et pour l’environnement.

FC: finalement, la grande distribution a mis en place un système de bonus malus inversé c’est à dire qu’elle met un bonus sur les produits mauvais pour la santé et pour la planète, et puis elle met un malus sur les produits qui sont bons pour la santé et pour la planète. On pourrait imaginer effectivement qu’il y ait une régulation pour inverser ça.

B.G. : voilà c’est exactement ce que le Réseau Action Climat et ses membres demandent aux pouvoirs publics.

On a aussi cette demande aux enseignes directement, mais c’est vrai qu’on est dans un système dans lequel si une seule enseigne bouge et pas les autres, il y a un risque concurrentiel.

Donc l’attente qu’on va avoir c’est, soit que les enseignes se mettent d’accord -elles sont d’accord sur le principe : quand on discute avec les divisions RSE, c’est quelque chose qui est reconnu, que ce n’est pas souhaitable d’un point de vue durabilité – donc soit les enseignes prennent la responsabilité collectivement et font évoluer leurs pratiques, soit les pouvoirs publics -et c’est la chose qui apporte le plus de garantie- agissent sans tarder pour changer le cadre sur cette question de Bonus malus -c’est une bonne comparaison.

Aujourd’hui la grande distribution nous parle beaucoup du juste prix de l’alimentation : elle nous fait croire que le juste prix c’est le prix bas, le prix compressé, en omettant le fait que ce prix bas est synonyme de problèmes pour la santé de problèmes pour l’environnement et aussi de mauvaises rémunération pour les agriculteurs.

FC.C : effectivement il y a quelque chose à changer, là. Alors quels vont être les suites justement de ce rapport ? Là maintenant ton activité dans les prochains temps, explique-nous un peu ce que tu vas faire ?

B.G. : sur ce rapport, on avait déjà pris rendez-vous avec les enseignes, puisqu’on a déjà échangé avec leur direction RSE avant la sortie du rapport et même au moment où on a commencé à travailler dessus.

On a prévu de rééchanger avec elles dans les prochaines semaines, on discute pour avoir un peu leur retour sur notre travail et aussi discuter de nos recommandations. On aimerait aussi qu’elles s’engagent publiquement en faveur de certaines des demandes qu’on va porter auprès des pouvoirs publics.

Et après plus généralement, on va retravailler l’année prochaine pour faire une nouvelle collecte de données parce qu’on va renouveler cette campagne avec une nouvelle évaluation fin 2024 ou début 2025, qui sera faite pour pouvoir comparer et voir un petit peu les progrès réalisés durant ces deux années.

Plus généralement, outre la question de la grande distribution, vu que j’ai bien montré que c’est un enjeu qui n’est pas uniquement les supermarchés mais aussi des politiques publiques en France, et se discute actuellement la future stratégie nationale pour l’alimentation nutrition et le climat.

Il se trouve que le Réseau Action Climat fait partie des ONG qui sont sollicités dans la concertation, et ce que je vais faire c’est porter les recommandations que vous avez pu voir dans le rapport auprès des pouvoirs publics, pour avoir une stratégie qui soit vraiment ambitieuse.

F.C. : super ! On est tous avec toi, on te soutient dans ces actions, c’est vraiment super de voir que ça bouge et qu’on challenge les supermarchés et les pouvoirs publics sur ces questions là. Je sais pas si tu as quelque chose à ajouter avant la fin de l’interview ?

Je voudrais te remercier pour l’intérêt pour notre étude et voilà, j’espère aussi, toutes nos associations espèrent aussi, que ça permettra de faire bouger les choses dans le bon sens pour le climat et aussi pour notre santé à toutes et tous.

F.C. : tout à fait ! sur ces bonnes paroles du coup je te dis au revoir, à bientôt, et puis la pétition – je mets le lien en dessous de la vidéo. Merci beaucoup Benoît de ton intervention et du temps que tu as consacré à nous expliquer ce super rapport – je recommande d’ailleurs la lecture de l’introduction qui est absolument limpide, qui dresse bien les enjeux, donc merci beaucoup et à bientôt, au revoir !

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