Quel est l’impact environnemental du numérique, quel est son bilan carbone ? Qu’est-ce qui a le plus grand impact ? Comment va-t-il évoluer ? Que faut-il faire pour réduire sa propre empreinte carbone du numérique ? Quelles sont les informations à regarder avant d’acheter un produit ?
Découvrez toutes les réponses dans cette article, tiré d’un interview d’Erwann Fangeat, expert à l’ADEME.
Empreinte carbone du numérique : un impact plus important que le secteur des déchets ou de l’aviation !
Floraine Cordier, Coach CO2 : On va commencer par dresser un bilan de l’empreinte carbone du numérique et, plus globalement, de l’impact du numérique sur l’environnement, parce qu’il y a quand même beaucoup de fausses idées qui circulent (trier ses mails etc). Est-ce que tu peux nous rappeler ce qui constitue l’empreinte carbone du numérique ?
Erwann Fangeat, Ademe : alors effectivement le numérique a une empreinte environnementale qui est très loin d’être négligeable. On pense que tout est délocalisé, tout est dématérialisé, tout est dans le Cloud, et que finalement ça n’a aucun impact sur l’environnement : c’est faux !
On vient de finir une étude pour mesurer l’impact environnemental du numérique en France, qui montre qu’on est à peu près à 2,5% de l’empreinte carbone de la France ! 2,5%, c’est des données qui sont loin d’être négligeables, puisque c’est un peu plus par exemple que le secteur des déchets.
Donc l’impact du numérique, c’est que le numérique en France pollue plus que tout le secteur du déchet, et c’est équivalent aussi au secteur de l’aviation !
Donc on est sur des données qui sont quand même très loin d’être négligeables, un peu plus de 17 millions de tonnes de d’émissions de gaz à effet de serre qui sont émises chaque année, et constituent l’empreinte carbone du numérique et qui s’ajoutent à l’impact écologique.
Alors quand on regarde tout le cycle de vie du numérique, pour schématiser, il faut d’abord extraire les matériaux, ensuite les assembler pour les fabriquer, ensuite il faut les distribuer, puisque ce sont des équipements qui sont souvent fabriqués en Asie et distribué en France.
Ensuite il y a une phase d’usage et notamment lié à la consommation électrique, et puis la phase de fin de vie avec toute la partie recyclage.
Quand on regarde toutes ces toutes ces étapes du cycle de vie, environ 80% de l’impact environnemental du numérique est liée à la phase de fabrication. Cela veut dire que 80% de l’impact est lié à la fabrication de nos équipements et donc les équipements numériques, c’est les smartphones, c’est les télévisions, les ordinateurs, les objets connectés, les montres connectées, et donc 80% de des émissions de gaz à effet de serre ce sont la fabrication.
Ça, ça veut dire que plus longtemps on va utiliser nos équipements, moins on va en fabriquer de nouveaux, et plus on va diminuer son empreinte environnementale liée au numérique.
L’impact du numérique sur l’environnement : un enjeu considérable
E.F. : Le deuxième enjeu aussi pour le numérique, c’est que ça a des impacts environnementaux sur les gaz à effet de serre -donc 2,5% de l’empreinte carbone de la France, mais l’impact du numérique sur l’environnement concerne aussi tout un tas d’autres indicateurs, et notamment les indicateurs liés aux ressources, et aux ressources minérales et métalliques.
Dans un smartphone, il faut à peu près 50 métaux différents pour fabriquer un smartphone et il faut mobiliser 200 kg de matière et donc il y a un vrai enjeu aussi lié aux ressources avec des risques de pénurie dans les années à venir sur un certain nombre de métaux, et des métaux qui sont aussi en concurrence avec la transition écologique puisque c’est des métaux qu’on va retrouver dans les équipements de transition écologique comme les éoliennes ou des panneaux photovoltaïques, ou même une voiture électrique.
On va retrouver les mêmes métaux que dans les métaux du numérique et donc on a des risques importants aussi sur cette question des ressources. C’est un élément clé à prendre en compte quand on parle de l’impact environnemental du numérique.
L’impact environnemental du numérique et le bilan carbone du numérique sont appelés à s’alourdir dans les prochaines années
Là on vient juste de sortir une étude prospective à 2030 et 2050, qui montre que c’est un secteur qui, contrairement à tous les autres secteurs de France, l’industrie, le transport, le bâtiment, qui ont tendance à soit se stabiliser ou soit qui ont des objectifs de diminution assez importants de leur émission de gaz à effet de serre, sur le secteur du numérique à 2030 on va avoir une augmentation de 45% et à 2050 on va voir une augmentation de 180% par rapport à aujourd’hui.
Donc on est vraiment sur un secteur qui est en très forte croissance, il y a un vrai sujet de sobriété numérique pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement.
F.C : Quelque chose que j’entends beaucoup, c’est « il y a pas besoin de changer maintenant parce que les évolutions technologiques vont faire que tout sera bon dans 20 ans ». Toi qui étudies ces sujets, tu nous dis « non, il faut changer nos comportements dès maintenant, ce n’est pas la technologie qui va nous sauver » ?
E.F. : Exactement. Il faut il faut changer nos comportements dès maintenant, la technologie ne suffit pas, il y a un vrai sujet de sobriété. Là on a parlé de l’empreinte carbone du numérique, mais quand on parle des ressources, notamment des métaux précieux et stratégiques, c’est encore plus vrai.
Lorsqu’on met du numérique partout, dans certains cas le numérique va pouvoir faire baisser des émissions d’autres secteurs avec une gestion plus intelligente, par exemple chez vous avec toute la domotique qui va permettre aussi de gérer l’énergie de manière plus intelligente grâce au numérique.
Mais là on parle d’énergie et on parle de gaz à effet de serre. Quand on parle de ressources c’est complètement différent parce que ça ne va pas aider à diminuer les ressources. L’impact environnemental du numérique est bien plus large que la seule question des gaz à effet de serre.
Au contraire, multiplier les équipements numériques, derrière c’est de la fabrication et derrière c’est l’utilisation extrêmement lourde de ressources et notamment de métaux stratégique avec des risques de pénurie et de conflits.
Ce sont des métaux qui sont en plus extraits dans un très petit nombre de pays et notamment en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, avec des impacts du numérique sur l’environnement, sur la biodiversité, sur l’eau, qui sont extrêmement importants.
Pour extraire du lithium, par exemple, on utilise beaucoup beaucoup d’eau, et beaucoup de produits chimiques, donc un impact sur les populations avoisinantes qui sont extrêmement importants.
Et puis c’est souvent extrait dans un très petit nombre de pays, souvent moins de 3, et donc le jour où un des pays décide de fermer les robinets et de ne plus exporter ces métaux, on se retrouve en phase de pénurie extrêmement importante, avec des conflits qui peuvent qui peuvent apparaître.
Il y a des guerres au Congo par exemple sur l’extraction du cobalt et puis on a vu là récemment avec la crise des semi-conducteurs à Taïwan qui a impacté toute l’industrie automobile, avec des retards de vente pouvant aller jusqu’à parfois un an, parce que les semi-conducteurs n’étaient plus disponibles pour la fabrication des voitures. On voit déjà apparaître ces phénomènes là.
F.C. : ces ressources, elles sont plus facilement accessibles dans les dans les pays où on les extraits actuellement, ou alors il y en a partout mais elles sont tellement dures aller chercher que pour l’instant ce n’est pas économiquement viable ?
E.F. : Alors ça dépend des métaux, par exemple les terres rares, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas rares du tout. Il y en a partout dans la croûte terrestre, sauf qu’il n’y a quasiment que la Chine qui a développé l’extraction des terres rares.
Donc le jour où la Chine dit « moi je les garde pour moi et je ne les exporte plus », on a une vraie problématique.
Et puis après il y a d’autres métaux qui sont très localisés, comme le lithium, et qu’on va retrouver dans certaines régions du monde.
Faire durer au maximum les produits numériques, la clé pour réduire l’impact environnemental du numérique
E.F. : pour allonger la durée d’usage des produits, pour les utiliser plus longtemps, on peut d’abord les réparer quand ils tombent en panne,et donc il y a tout un tas de réparateurs locaux qui peuvent réparer tous vos équipements numériques.
Le premier réflexe quand ça tombe en panne, c’est d’aller consulter un réparateur pour lui donner une seconde vie.
Il y a aussi l’entretien des produits qui est important : bien entretenir ses équipements numériques, les protéger, mettre des coques, des vitres de protection, bien utiliser aussi sa batterie pour qu’elle s’use moins longtemps.
Et puis à l’achat, avoir le réflexe de s’équiper en produits reconditionnés.
Les produits reconditionnés, un process qui allonge la durée de vie des produits
Les produits reconditionnés sont différents des produits réemployés, parce que on s’inscrit là dans un dans un process qui est quand même très industrialisé.
Les entreprises qui font du reconditionnement vont d’abord collecter les smartphones qui ont eu une première vie, et ensuite tout un process industriel va consister pour un smartphone à réinitialiser et supprimer l’ensemble des données.
Ça c’est important parce que quand vous donnez un produit pour être reconditionné, dans le process vous vous assurez que l’ensemble des données que vous aviez sur ce smartphone sont effacées et sont réinitialisées.
Ensuite il va être débloqué et puis ensuite il va subir tout un tas de tests pour voir la bonne fonctionnalité du produit, et puis s’il y a des composants qui sont défaillants, je pense notamment à la batterie par exemple.
Si la batterie est usée est à moins de 80% de ses capacités à neuf, on va changer la batterie. On peut changer aussi et réparer les écrans et puis une fois que tous ces process et ces réparations sont effectuées – il y a des produits qui ne nécessitent pas forcément de réparation – il y a un contrôle qualité qui est fait
Ensuite, il est réemballé et remis en vente sur le marché, soit directement chez des distributeurs ou pour la plupart vous les trouverez sur des sites internet.
On peut retrouver des équipements comme des smartphones, on peut acheter aussi des des ordinateurs portables, des ordinateurs fixes, donc beaucoup d’équipements numériques mais aussi de plus en plus d’autres types d’équipements : des vélos par exemple, vélo électrique reconditionnés, et aussi de l’électroménager reconditionné.
F.C : est-ce qu’on peut considérer que l’impact environnemental du numérique lié à ces produits reconditionnés est nul et qu’on peut en acheter autant qu’on veut, les renouveler tous les ans par exemple, ou alors est-ce qu’il faut adopter quand même même avec ces produits des comportements plus vertueux ?
E.F. : alors il faut toujours adopter des comportements plus vertueux, même en achetant des produits reconditionné. L’avantage du produit reconditionné, c’est que déjà à l’achat il est moins cher – ça peut aller jusqu’à 50 à 75% de moins par rapport au coût du neuf.
L’autre avantage, c’est que du point de vue de l’impact écologique, quand on compare l’utilisation d’un d’un équipement neuf versus l’utilisation d’un produit reconditionné, on peut pour certains produits reconditionnés diviser par 8 les impacts environnementaux du numérique.
Donc il y a un vrai enjeu environnemental à utiliser ce type d’équipement. Un smartphone reconditionné, on peut aller jusqu’à une division par 8 des impacts, par contre dans le process ça a forcément des impacts puisque des fois il faut changer des pièces détachées, et donc faut utiliser des pièces détachées neuves et donc là c’est des pièces détachées qu’il faut fabriquer : donc on a des impacts.
Le critère principal qui va dire si je vais avoir un gain environnemental important ou pas important, c’est la durée de vie de la première durée de vie de l’équipement neuf. Si vous achetez des produits reconditionnés qui ont une première durée de vie de 1 an, vous aurez un impact un gain environnemental beaucoup moins important que s’il a une première durée de vie de trois ans.
Et puis aussi, une fois que vous avez votre équipement, plus longtemps vous allez l’utiliser, plus vous allez gagner sur l’impact du numérique sur l’environnement, puisque moins vous allez fabriquer d’équipements neufs.
D’ici un an on aura un label reconditionnement, et donc les équipements qui seront tamponnés avec ce label, on aura l’assurance qui suivent l’ensemble des bonnes pratiques dans le process de reconditionnement, qui garantissent un gain environnemental.
Penser au recyclage pour réduire l’empreinte carbone du numérique
F.C. : A quel moment il y aura une action de l’Etat pour changer les comportements, pour prévenir ces pénuries ?
E.F. : Il y a l’aspect ce que peut faire l’état, mais il y a aussi ce que ce que tout un chacun peut faire. Si on prend par exemple la question du recyclage et des smartphones, il y a presque 60 millions de smartphones qui sont encore dans nos tiroirs.
On les garde comme ça, parce que c’est pratique, ça ne prend pas beaucoup de place, et puis on se dit « si celui que j’ai tombe en panne, je pourrais le réutiliser. Mais dans les fait ça n’arrive jamais ou très peu, ou alors au lieu d’en garder 4 on n’en garde qu’un seul et les trois autres, on peut les recycler, et réduire l’impact environnemental du numérique.
Il y a un site qui s’appelle « je donne mon téléphone » . Si vous allez sur le site, vous avez une enveloppe affranchie qui arrive chez vous, vous mettez votre ou vos smartphones dedans, et ensuite ça va aux Ateliers du Bocage, qui est une association type ESS, et qui va justement reconditionner et redonner une seconde vie à ces équipements.
Sur les 60 millions de d’équipements et de smartphones qui sont dans les tiroirs, il y a une très grande partie qui pourrait avoir une seconde vie via du reconditionnement, et donc il y a des structures qui vont faire ce boulot-là.
Et puis il y a une autre partie, des smartphones qui sont complètement cassés, qui ne peuvent pas être reconditionnés, mais qui peuvent rejoindre la filière de recyclage.
Derrière la filière de recyclage, un smartphone c’est recyclé à 80% : 80% de la matière qui contient un smartphone va pouvoir être réutilisé et avoir une seconde vie.
Dans une tonne de smartphone on va retrouver 100 fois plus d’or que dans une tonne de minerai d’or, c’est ce qu’on appelle des mines urbaines, c’est à dire que toutes les cartes électroniques contiennent un petit peu d’or.
Quand ça va au recyclage, elles sont séparées et ensuite elles vont dans des usines spécialisées de recyclage de cartes électroniques, où on va aller récupérer une dizaine de métaux précieux dont l’or, mais aussi cuivre.
Le recyclage est donc indispensable pour réduire l’impact du numérique sur l’environnement.
Donner la bonne information au consommateur pour réduire l’empreinte carbone du numérique et l’impact du numérique sur l’environnement
F.C. : Aujourd’hui est-ce qu’il y a un label pour des objets qui seraient beaucoup plus durables, réparables, recyclables que ceux d’aujourd’hui ?
E.F. : il existe déjà ce qu’on appelle l’indice de réparabilité. C’est obligatoire sur cinq familles de produits : les smartphones, les télés, les ordinateurs portables, les lave-linge et les tondeuses à gazon électrique.
Donc quand tu iras dans un magasin, tu regarderas les smartphones, et normalement il y a un indice de réparabilité, qui est une note qui va de 0 à 10 et qui vise à donner une information aux consommateur sur la réparabilité de l’équipement, c’est-à-dire sur sa capacité à être réparable ou non.
0 est un équipement qui est pas réparable du tout, 10 est un équipement qui est super réparable et permet d’améliorer l’impact environnemental du numérique.
Cette information est affichée dans tous les lieux de vente et partout sur les sites web quand on souhaite acheter une de ces cinq familles de produits.
Depuis novembre dernier, il y a trois nouvelles familles de produits : les lave-vaisselles, les aspirateurs et les nettoyeurs haute pression.
C’est une information qui est pratique pour le consommateur, qui va pouvoir comparer les produits entre eux pour choisir le plus réparable, et ainsi réduire l’impact du numérique sur l’environnement.
Ce qui va arriver mi-2024, c’est un indice de durabilité. En plus de la capacité de l’équipement à être réparable, il y aura aussi des critères qui sont liés à la fiabilité du produit, donc sa robustesse : ce qui va durer longtemps ou ce qui ne va pas durer longtemps, et aussi à sa capacité à être améliorée dans le temps.
Cet indice de durabilité va concerner dans un premier temps les cinq premières familles de produits que j’ai cité tout à l’heure et va arriver mi-2024 avec des critères très spécifiques d’une famille de produits à l’autre.
Il y a aussi des travaux européens sur l’affichage environnemental concernant les l’impact des textiles sur l’environnement. Ce sera une note type étiquette énergie, avec des couleurs, et là on pourra voir sur les textiles des différences entre les impacts environnementaux.
Au niveau européen toujours, il y ce qui s’appelle les directives éco-conception, eco-design en anglais, et ça va être multiplié. Dans ces directives, c’est produit par produit, il y a quand même de plus en plus de critères qui sont liés à ces notions de réparabilité, de durabilité et de consommation d’énergie.
Dans ces directives éco design, on fixe des planchers, c’est à dire que si vous êtes en dessous d’un plancher sur la disponibilité des pièces détachées par exemple, vous ne pouvez pas mettre le produit sur le marché européen. Cela devrait réduire l’impact du numérique sur l’environnement.
Une machine à laver, actuellement, on peut pas la mettre sur le marché si les pièces détachées sont pas disponibles pendant au moins 10 ans. Donc c’est un vrai outil d’éco-conception qui permet de de mettre hors marché les produits qui consomment beaucoup d’énergie, les produits qui sont pas durables, et les produits qui sont pas réparables.
Par ailleurs, il y a une obligation quand vous achetez un produit neuf, et notamment du gros électroménager, quand vous êtes livré, le livreur à l’obligation de reprendre gratuitement votre ancien produit.
Souvent, ça rejoint ensuite des filières gérées par les éco-organismes – quand vous achetez un produit électriquen sur la facture vous avez le montant de l’éco-contribution, qui sert à financer la filière de fin de vie.
Ensuite, le distributeur met à disposition gratuitement les produits qu’il a récupéré lors des livraisons à des acteurs comme ENVIE qui derrière vont faire des reconditionnements
F.C. : voilà c’est c’est passionnant effectivement, écoute je te remercie beaucoup pour le temps que tu nous a consacré !
Le numérique est trompeur! L’emprunte carbone est finalement loin et invisible! Je pensais que le stockage sur la cloud prenait pesait plus lourd dans le bilan carbone du numérique! Je culpabilise un peu moins avec tous mes mails qui trainent! Par contre, il faut absolument que je recycle mes vieux téléphone! Et j’espère bien pouvoir garder pendant de longue année mon téléphone actuel! Sait-on à partir de quelle durée de vie l’emprunte carbone devient « raisonnable »?
Merci Claire pour ton retour ! L’expert mentionnait 3 ans de première vie pour le téléphone + reconditionnement + encore 3 ans de 2ème vie, et là ça commence à être pas mal 🙂